Frédéric ADRAIT
Corps, visages. Torses, rictus, portraits d'individus, portraits de groupe...Autant d'incarnations hypersexuées. Toute une galerie d'humains qui posent sans poser et nous dévisagent sans sourire, conscients de leur forçe, de leur dignité intrinsèque. Des figures trop hiératiques au goût de certains ? Adrait s'est fait connaitre voici 10 ans par une série de toiles consacrées aux boxeurs. C'était sa façon à lui de ne pas chercher mais de trouver. Trouver quoi ? Ce qui éclabousse, ce qui gicle plus loin que le geste de peindre. (Re)trouver les fondamentaux, oser une peinture sobre et spectaculaire. Les boxeurs ne sont pas saisis en plein mouvement, ils semblent prêts, mais à quoi ? À une séance de pose, à une pesée, au pugilat ? À une épreuve de vérité en tout cas...
Après un long voyage à Cuba avec un ami photographe, les deux hommes ont privilégié la piste qu'ils avaient choisie : celle de la magie noire. Trois mois, largement le temps de se frotter à la santeria. Si on ne sort pas indemne de ce genre d'expérience, la peinture d'Adrait, elle, s'en porte d'autant mieux. Animiste, païenne ? Ou "humaniste", à sa façon ? Ce qu'il met au coeur de sa peinture c'est bien l'homme, pas pour l'abattre mais bien au contraire pour le reconstruire, le restituer, nous le redonner à voir. Adrait n'est pas un sniper, mais il sait être à l'affût des jeux de force (parfois contradictoires) qui circulent dans un corps, derrière un visage.